Sophrologie et haptonomie : vraiment incompatibles ??

C’est une question qui revient régulièrement :

 

« J’ai lu que la sophrologie et l’haptonomie étaient totalement opposées et qu’il ne fallait surtout pas les mélanger. C’est vrai ? »

Sur le site même www.haptonomie.org, on peut lire ceci :

«  Haptonomie et autre approche

Il est inadapté d’associer l’haptonomie à des approches qui font appel à des exercices ou des apprentissages visant à modifier le tonus musculaire et la respiration, telles que le yoga, la sophrologie et toutes les techniques respiratoires.

Celles-ci, sollicitant principalement le néocortex, présentent un certain antagonisme avec l’haptonomie. L’association de ces approches entraverait donc l’effet libérateur de l’expression affective qui fait intervenir spécifiquement des centres nerveux sous-corticaux. Toute attention portée sur la respiration, sur une représentation imaginaire ou une visualisation de l’enfant fait obstacle à la relation affective avec celui-ci : on le sent tout au long de la grossesse. Et lors de l’accouchement, la mère se trouve prise au piège d’injonctions contradictoires qu’elle s’envoie à elle-même, ce qui complique la situation… »

Or, ces phrases en elles-mêmes prouvent justement que les praticiens en haptonomie ne connaissent pas la sophrologie.

La sophrologie a justement comme objectif de NE PAS SOLLICITER le néocortex.

La base du travail en sophrologie est de revenir au corps, aux sensations, en mettant le mental au repos. Tout le travail effectué en Relaxation Caycédienne du 1er degré consiste à revenir au corps, à en prendre conscience tel qu’il est, physiquement, à travers le ressenti. (Pour plus d’infos : ici )

Les sophronisations de base, les lectures du corps, les exercices de relaxation dynamiques mêlant tensions et détente… tout cela concourt à permettre aux personnes de ressentir leur corps, à travers leurs sensations, en utilisant le mouvement.

Des visualisations ne peuvent être envisagés que dans un second temps, et toujours en lien avec le corps avec les sensations. Nous utilisons notre sensorialité, tous nos sens, et donc également le toucher cher aux haptothérapeutes.

En accompagnement de la naissance, le travail sophrologique consiste à reconnecter les femmes à leurs sensations, pour leur permettre, le jour J, de trouver en elles les positions, la respiration… les éléments qui leur permettront de s’adapter à la mécanique de l’accouchement, d’accompagner leur bébé dans sa descente tout en restant en lien avec lui.

En accompagnement de la naissance, la sophrologie leur permet de ressentir leur bébé, corporellement, dans toute sa perception et de créer avec lui un lien fort. (Pour plus d’infos : ici )

Il n’y a donc pas d’incompatibilité entre les pratiques de sophrologie et d’haptonomie. Au contraire. Celles-ci peuvent tout à fait se compléter pour permettre à la mère, au père, à l’enfant d’œuvrer ensemble sur le chemin de la Vie.

2 réponses
  1. CHAPUIS Christine
    CHAPUIS Christine dit :

    Le 11/05/2022

    Bonjour Madame,

    En tant que praticienne en haptonomie, je lis votre article et votre réflexion avec intérêt.

    Je ne peux pas le valider au regard des modifications physiologiques très importantes, physiques et anatomiques en ce qui concerne l’approche haptonomique et ses différentes applications en périnatalité et en psychothérapie.

    La moindre sollicitation volontaire, dans les envies, dans la direction de l’intention, la moindre sollicitation mentale, l’observation interne de soi, la détente et le relâchement conscient induisent automatiquement des modifications en cascade dans la physiologie, dans les ressentis et les perceptions. (Sophrologie)

    En haptonomie, l’approche prudente et transparente, lors d’un contact, modifie en profondeur le vécu de soi et les ressentis :
    Tout change, tout se modifie – Le tonus change, la proprioception et l’intéroception également.
    L’Affectivité de la personne est contactée, tout se transforme, la vitalité est nourrie, les perceptions se modifient, le vécu physique et psychoaffectif donnent à se vivre dans une grande profondeur en relation et en réciprocité immédiate (tout de l’autre et tout de soi est ressenti et perçu au présent et se vivent selon les envies et possibilités.

    En Haptonomie, les contacts – plein de prudence, de respect et de transparence, en toute probité – agissent sur la réactivation du système limbique et des niveaux sous corticaux profonds du cerveau (souvent délaissés depuis longtemps par l’activation plus intense des niveaux corticaux) en lien avec les noyaux de la base, du tronc cérébral et du cerveau reptilien avec des échanges communicationnels dans les fibres et les fuseaux neuromusculaires notamment (et avec beaucoup de structures profondes au niveau anatomique) en lien avec les proto-sensations, les sentis, ressentis, émotions jusqu’au sentiment global d’entièreté de soi, d’intégrité, d’aisance, d’assise et d’unité en soi et avec l’autre.

    Je ne peux que vous proposer d’aller pour vous même, au moins vivre une fois ce qu’est une expérience haptonomique dans un cabinet et ce qu’est un contact haptonomique (non sur un échange de savoirs sur un plan théorique), mais sur un plan de vécu en vous et ainsi constater de par votre expérience personnelle, la différence majeure entre nos pratiques.

    Votre pratique, très utile dans beaucoup de domaines (Etudes, préparation aux examens, Santé, etc.) et dans le cadre des accompagnements par les sages-femmes pour la préparation à la naissance également ramène au corps, oui c’est juste, mais pour cela, elle mobilise le néocortex et ses sous structures cérébrales. Elle mobilise le contrôle conscient pour parvenir à se relâcher, à être en grande détente, à faire confiance, à vivre plus sereinement. C’est très utile mais peu compatible avec l’haptonomie au moment de la naissance. Les chemins neurologiques sont différents et c’est ce qui est clairement précisé par le CIRDH dans votre document.
    On ne peut pas les combiner pour l’accouchement, car pour la mère, au moment de l’accouchement, elle aura à faire un choix pour la direction de détente qu’elle souhaite prendre : ou bien remobiliser ses capacités en sophrologie aidée à cela par son accompagnante sage-femme, ou bien se déposer dans l’abandon en confiance avec son conjoint et son bébé, “Etre-Là-Avec” en triade affective et dans la Présence pour vivre son accouchement en toute sérénité, confiante en bébé et dans un immense relâchement.

    Deux pratiques (Haptonomie) et (Sophrologie) fort utiles et très aidantes mais qui sont neurologiquement différentes, dont les effets et bienfaits sont également différents. Nos pratiques ne peuvent se combiner au moment de la naissance, ce n’est pas possible physiologiquement et neurologiquement.

    L’haptonomie donne à vivre immédiatement – sans le recours au mental – une profonde complétude, un sentiment de parfaite sécurité, de pleine confiance, tout en confirmant l’autre affectivement, en continuant de prendre du plaisir aux retrouvailles en triade père-mère-enfant avec bébé in-utéro, en développant et en renforçant le sentiment de plénitude au cours des rencontres haptonomiques suivantes.

    C’est pourquoi, je vous propose d’en faire l’expérience. On ne peut parler d’une pratique sans en faire l’expérience, sans en saisir les subtilités, les effets physiologies, les différences avec d’autres pratiques et les bienfaits.

    Et je vous invite à aller au CIRDH faire un stage de phénoménologie sur quelques jours …

    Si vous souhaitez échanger avec moi ou me rencontrer, vous êtes la bienvenue !!

    Mme Christine CHAPUIS – Haptonomie

    Répondre
    • Charlotte Weiss
      Charlotte Weiss dit :

      Bonjour Christine

      Je vous remercie pour cette longue explication.

      Toutefois, je vous rassure, j’ai moi-même expérimenté l’haptonomie notamment lorsque j’étais étudiante sage-femme devant découvrir et appréhender les différentes méthodes de préparation à la naissance. C’est justement parce que j’ai expérimenté les deux méthodes que je peux poser un avis. Je ne le ferai pas sur une méthode que je ne connais pas.

      Je lis que vous reprenez les arguments exposés dans mon article. Vous dites que la sophrologie est une pratique du mental. Elle peut l’être oui. Quand elle est proposée par des personnes mal formées à la méthode (et notamment les sages-femmes, qui sont sages-femmes mais ne sont pas sophrologues. Pour rappel, une formation de sophrologue digne de ce nom, c’est entre 1 et 3 ans de formation). Quand elle est maitrisée, la sophrologie va au contraire mettre le mental en sommeil et justement, va empêcher d’activer le néocortex. Je pourrais donc vous retourner vos arguments et vous inviter à venir faire une séance de sophrologie puisque vos propos semblent sous-entendre que vous n’êtes d’accord avec cette information.
      De plus, la sophrologie prénatale telle que je la pratique ne demande pas d’aller puiser dans des ressources mentales mais de laisser vivre le phénomène physiologique de l’accouchement, celui qui prend justement naissance dans le cerveau archaïque.

      Et puisque nous parlons de phénoménologie, un principe qui est au cœur de la sophrologie et que je connais également, je vais m’en tenir au phénomène de mes clientes qui utilisent en toute facilité les deux méthodes pour leur accouchement sans y trouver de difficulté.

      Je vous remercie encore pour votre intervention et vous souhaite une bonne journée.

      Charlotte Weiss

      Répondre

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