Mieux vivre son post-partum avec la sophrologie
Le post-partum : qu‘est-ce que c’est ?
Du point de vue médical
Le post-partum, c’est le temps qui commence juste après l’accouchement. Vous venez d’accoucher, vous avez votre bébé dans vos bras ou ceux de l’autre parent ou couché dans le berceau à côté de vous et ça y est le post-partum commence. Mais peut-être ne le savez-vous pas.
En effet, « post-partum » est le terme médical classique pour désigner ce que vit la femme après l’accouchement. C’est le temps durant lequel votre corps va « revenir à une nouvelle normalité ». C’est ainsi que le corps médical le présente souvent : le temps durant lequel votre utérus va diminuer pour revenir à un stade « non-gravide », durant lequel votre circulation sanguine va s’adapter après la disparition du placenta, durant lequel les hormones de la grossesse vont progressivement diminuer pour revenir « à la normale ».
Ainsi, le post-partum, c’est cette étape intermédiaire entre l’accouchement et « le retour à la normalité ». C’est un quelque chose qui se termine. D’ailleurs, on parle de « post-partum » comme on parlerait du temps « post-opératoire » après un acte de chirurgie. Ce qui vient après quelque chose, ce qui le clôture.
Dans la réalité
Or, le post-partum, c’est bien plus que cela, avec sa propre et mouvante temporalité.
Un temps qui se termine
Le corps doit se remettre de la grossesse, de l’accouchement. Il s’agit de ne plus être cette femme enceinte mais redevenir une femme « normale », en pleine action de tous ses moyens de femmes : que ce soit sur un plan personnel, professionnel, sexuel, intellectuel… C’est un temps de convalescence, avec parfois des douleurs, des handicaps… avec un nouveau corps – parce que non, il ne revient pas « à la normale, comme avant ».
Un temps qui s’étire sans fin
La routine des nuits au sommeil perturbé, les couches, les repas… Tout tourne autour d’un autre que soi dans une régularité tantôt vécue comme rassurante, tantôt comme déprimante.
Il n’est pas toujours facile de renoncer à la liberté qui était la nôtre jusqu’alors. Et ce d’autant plus quand notre monde se restreint à un nouveau-né, un jeune enfant…
Un temps qui commence
Le post-partum, c’est le temps de la découverte de la vivance de la maternité. Être mère, de cet enfant qu’on a porté et mis au monde ; de cet enfant qui nait non-autonome et qui a besoin de nous pour se nourrir, se déplacer, construire sa sécurité intérieure ; de cet enfant qui ne sait pas s’exprimer si ce n’est à travers sa posture et ses pleurs…
Être mère, être cette nouvelle femme avec de nouvelles responsabilités, de nouvelles peurs, de nouvelles solitudes malgré la présence du bébé.
Le post-partum, ce n’est pas « un temps qui se termine », c’est un temps de changement, un temps pour découvrir un autre chemin, un temps pour découvrir une autre facette de qui nous sommes.
Dans les années 70, un mot a été créé par Dana Louise Raphael pour décrire ce temps : la matrescence. Contraction de maternité et adolescence, ce terme rappelle cette période où l’enfant entre dans son cocon, l’adolescence, pour en sortir adulte, tel un papillon. Et c’est bien ce que vivent les femmes, une vraie transformation.
Quelques sites ressources
Une période taboue
Peu de femmes savent cela avant de devenir mère. En effet, le post-partum a longtemps été tabou. Il ne fallait pas dire au mère ce qu’elle allait vivre : ça risquait de leur faire peur. C’était juste quelque chose de normal que toutes les femmes vivent. C’est comme ça. De nombreuses raisons éclairent ce tabou et je vous invite à lire le très éclairant livre Ceci est notre PostPartum d’Illana Weizman qui les analyse très finement : patriarcat, concurrence entre femmes, expiation religieuse…
Mais aujourd’hui, et depuis quelques mois et le #MonPostPartum, ce temps sort de l’ombre et nous découvrons la réalité de ce qu’est le post-partum. Nous découvrons qu’il n’est pas forcément un chemin facile mais qu’il peut être source de grandes difficultés : le suicide est la première cause de mortalité maternelle. Et 20 % des jeunes mères souffrent de dépression du post-partum.
C’est une réalité que nous ne pouvons plus négliger.
En tant qu’êtres humains, en tant que femmes, nous avons un rôle à jouer pour soutenir les jeunes mères, que ce soient celles qui nous sont proches ou des inconnues : accueillir les mots sans juger ou donner de conseils non-sollicités, permettre à une jeune maman de doubler dans la file d’attente, lui proposer de venir chez elle lui faire à manger pendant qu’elle se repose avec son enfant, s’investir dans une association de soutien à la parentalité…
Apports de la sophrologie dans l’accompagnement du post-partum
Avec la sophrologie, nous pouvons proposer aux jeunes mères des outils qui peuvent leur permettre de mieux anticiper ce post-partum et de le vivre le plus sereinement possible.
Le post-partum s’anticipe dès la grossesse
Cela peut commencer dès la grossesse.
Les séances de préparation à la naissance et à la parentalité assurées par les sages-femmes abordent généralement le post-partum. De nombreuses indications sont données aux futures mères, aux futures parents sur les modifications corporelles attendues, sur l’allaitement, le retour de couche…
En sophrologie, nous travaillerons l’axe du post-partum dans une visée commune avec le vécu de la fin de la grossesse et de l’accouchement.
Apprendre à s’écouter
Écouter son corps, ses émotions, ses pensées, ses peurs, ses besoins…
Ce qui sera ancré en soi dès la grossesse sera un atout majeur dans le post-partum. La femme aura pris l’habitude s’écouter et saura donc écouter ses douleurs, sa fatigue, ses émotions de jeune mère pour mettre en place des stratégies adaptées. Le travail corporel fait pendant la grossesse sur le nouveau schéma corporel sera tout aussi utile pour s’adapter à ce nouveau corps « en convalescence » après l’accouchement, ce nouveau corps de mère.
Renforcer le lien mère-enfant
S’il est vécu intériorisé pendant la grossesse, en post-partum, le lien mère-enfant sera vécu extériorisé.
Il s’exprimera avec une forte part d’intuition, cette fameuse intuition qui nous permet de savoir si le bébé pleure parce qu’il a faim, ou qu’il a besoin d’être changé ou pour une autre raison…
Toutes les pratiques faites en anténatal vont venir renforcer ce lien et donner davantage de lien post-partum entre la mère et l’enfant, lui permettant d’être plus à l’écoute de celui-ci.
Le travail capacitaire et existentiel
Pendant la grossesse, nous invitons la future mère à renforcer ses capacités de confiance en soi, d’adaptabilité, de patience.
Toutes ces capacités musclées en prévision de l’accouchement seront également disponibles en post-partum lorsque le besoin s’en fera ressentir.
De la même manière, lorsque la femme s’interroge pendant la grossesse sur ce qu’est la famille, son rôle de mère comme valeurs profondes, cela vient nourrir sa réalité durant le post-partum.
Les projections positives et l’apprivoisement des difficultés
Pendant la grossesse, nous commençons déjà à envisager positivement ce qui va arriver. Pas de manière idéalisée ou bisounours mais la réalité de la vie avec un jeune enfant : les pleurs, les nuits, la fatigue, les questionnements…
Un travail d’apprivoisement de ce qui peut arriver va se mettre en place , en laissant émerger des stratégies possibles, parfois des échecs possibles qui sont donc identifiés. Ainsi, la future mère se crée un stock de stratégies qui viennent nourrir sa confiance en elle, qui lui permettent de se savoir capable et non démunie.
Après la naissance
Après la naissance, les séances de sophrologie peuvent être proposées si la jeune mère en ressent le besoin.
Habiter son nouveau corps et l’accepter, l’aimer, en être fière, peut-être le pardonner… C’est tout une relation au corps maternant qui est à découvrir.
Gérer son stress et sa fatigue de jeune mère, à travers des pratiques de respiration, de détente corporelle, d’adaptation de son sommeil à celui de son enfant…
Renforcer ses capacités et ses valeurs : elle est la meilleure mère possible pour son enfant, avec son histoire, peut-être ses failles et ses difficultés.
Préparer les étapes charnières : laisser le bébé à quelqu’un d’autre pour la première fois, pour reprendre le travail, pour envisager un sevrage nocturne serein…
Réinvestir son couple : couple amoureux, couple sexuel, couple parental… Savoir écouter les besoins, les désirs ou les absences de désirs. Savoir trouver sa place en équilibre avec l’autre parent, et dans quel équilibre. Apprendre à gérer la charge mentale à deux.
Envisager son retour à la vie professionnelle…
Le post-partum n’est pas une fin mais le début d’une nouvelle vie. Et parfois, les nouvelles vies peuvent faire trébucher, se cogner, hésiter. Elles peuvent aussi être enthousiasmantes, stimulantes, porteuses de joie et de projets.
La sophrologie, par son axe profondément existentiel, peut accompagner toutes ces étapes.