Pourquoi rencontrer un sophrologue quand on peut se débrouiller avec une application ?

Depuis quelques années, la méditation, la relaxation, la sophrologie ont le vent en poupe. De plus en plus d’études sortent pour vanter leurs mérites. Les entreprises ont de plus en plus recours à des stages de « méditation de pleine conscience », font venir des sophrologues dans les entreprises pour des modules de gestion du stress. Petit à petit, le grand public commence à bénéficier des nombreux avantages des différentes méthodes et à profiter de leurs bienfaits en terme de développement personnel et professionnel.

C’est ainsi qu’ont également fleuri de nombreuses applications ou chaînes youtube qui proposent des séances de sophrologie, relaxation, méditation. C’est très bien car elles permettent une plus large diffusion des méthodes et une possibilité de se faire du bien à bas coût.

Pourquoi faudrait-il donc rencontrer un sophrologue quand on peut se débrouiller avec une application ?

Parce que ces méthodes « à distance » et « en solitaire » ont des limites.

En effet, le travail de prise de conscience qui s’effectue lors d’une séance de sophrologie (ou de méditation) ne se joue pas uniquement lorsque nous fermons les yeux. Il se joue principalement après.

Lorsque nous fermons les yeux, nous vivons notre séance. Nous percevons des sensations, peut-être cela peut-il éveiller certaines pensées, certaines émotions. C’est généralement un moment agréable de parenthèse dans notre quotidien plus ou moins stressant. Et si personne ne vient nous aider à retranscrire cela, cela reste seulement un agréable moment.

Or, cela peut être beaucoup plus que cela.

En sophrologie, nous parlons de « vivances multiples ».

  • La première des vivances est celle que nous vivons les yeux fermés, lorsque nous sommes plongés dans cet état de conscience particulier. C’est le temps de l’émergence des sensations, lorsque nous laissons les commandes à notre corps, que nous coupons notre cerveau et mettons nos à-priori de côté. C’est le temps de l’expression corporelle.
  • La deuxième vivance est celle que nous vivons lorsque nous mettons des mots pour raconter ce que nous avons vécu pendant la première vivance, que ce soit à l’écrit ou à l’oral. « J’ai ressenti du froid ; je me suis sentie plus légère ; c’est comme si tout mon corps avait fait une pause, s’était arrêté… »
  • La troisième vivance est celle que nous vivons lorsque nous faisons des prises de conscience après avoir fait la deuxième vivance. Par exemple : la 2ème vivance « mon corps avait fait une pause » peut amener à la prise de conscience que « je suis capable de faire une pause avec mon corps, alors je peux être capable de faire une pause dans ma vie, je peux décider de ne pas me laisser embarquer par le rythme effréné de ma vie ». Évidemment, je simplifie mais l’idée est là, de porter un regard sur ce qui a été vécu et de peut-être (ou peut-être pas) y trouver du sens.

Lorsque nous pratiquons seul, avec une application, sans jamais avoir été guidé par quelqu’un de formé à cela, nous restons au stade de la première vivance. Et cela peut être très agréable et suffisant pour beaucoup de personnes.

Mais cela peut également ne pas être le cas.

– Parfois, la vivance peut être difficile, faire remonter des sensations désagréables, peut-être même douloureuses à vivre. Et la personne se retrouve alors seule face à cela. Le rôle du sophrologue à ce moment-là est de permettre à la personne de ne pas rester sur ce négatif et de trouver en elle des éléments positifs à souligner, même s’il n’y en a qu’un seul tout petit et de lui redonner sa place, afin de tourner cette expérience de prime abord négative en quelque chose de positif.

– Parfois, la vivance peut être frustrante, car elle se contente d’être une bulle de bien-être au milieu d’évènements compliqués qui reviennent à la charge sitôt les yeux ouverts. Le rôle du sophrologue est alors de permettre au pratiquant d’inscrire ce bien-être dans la durée, en mettant des mots, en le pérennisant sur une feuille de papier, en lui permettant d’accéder à cette prise de conscience qu’est la 3ème vivance.

– Parfois, la vivance peut être bouleversante car elle fait remonter des sensations, des souvenirs qui viennent résonner avec des situations particulières, peut-être difficiles. Une personne en situation de vulnérabilité peut se retrouver malmenée par une prise de conscience non souhaitée, non accompagnée. Le rôle du sophrologue est alors d’aider la personne à accueillir avec bienveillance, sans jugement, en l’aidant à trouver du sens à ce qui aura été vécu. (Je ne parle pas du tout d’un travail d’analyse tel que le pratique les psychothérapeutes, mais simplement d’un accompagnement pour aider la personne à trouver en elle un sens à sa vivance)

Notons également qu’il existe une contre-indication reconnue à la pratique de la sophrologie et de la méditation : les troubles psychotiques qui sont incompatibles avec les techniques de visualisation utilisées.

Ainsi donc, si vous décidez de vous mettre à la pratique de la sophrologie ou de la méditation avec une application, posez-vous d’abord cette question : Suis-je capable d’en tirer tout le bénéfice possible en pratiquant seul ou devrais-je plutôt commencer avec un praticien formé pour ensuite cheminer en confiance et en autonomie ? A vous de voir !